La Science-fiction est un genre d’expression artistique qui est difficile à définir, car elle explore et explose les limites de l’imagination et de la création. Au milieu des définitions réductrices des dictionnaires et des appropriations égoïstes des spécialistes, nous laisserons la parole à Fredric Brown, l’un des plus brillants virtuoses du genre.


Imaginons.
Imaginons des fantômes, des dieux et des démons.
Imaginons des enfers et des paradis, des villes flottant dans les cieux et des villes englouties sous la mer.
Licornes et centaures, sorcières et magiciens, djinns et farfadets.
Anges et harpies, charmes et incantations, esprits élémentaires, familiers, démoniaques.
C’est facile à imaginer, tout ça : depuis des millénaires les hommes l’imaginent.
Imaginez des astronefs et l’avenir.
C’est facile à imaginer : l’avenir approche vraiment, et il sera peuplé d’astronefs.
Y a-t-il quelque chose qui soit difficile à imaginer ?

Oui, bien sûr.

Imaginez un peu de matière, avec vous enfermé dedans, vous qui avez conscience d’exister, qui pensez et savez donc que vous existez, vous qui êtes capable de faire remuer la matière dans laquelle vous êtes, de la faire dormir et de l’éveiller, de lui faire l’amour et monter les côtes.
Imaginez un univers –infini ou non, comme il vous plaira de le figurer- avec un milliard de milliards de milliards de soleils pour le constituer.
Imaginez une boule de boue qui tourne comme une folle autour d’un de ces soleils.
Imaginez-vous debout sur cette boule de boue, tournant avec elle, tournant dans le temps et l’espace vers une destination inconnue.

Imaginez-le.


Autre ambition :
Voici un texte que j'avais écrit en 2000 en guise d'édito dans le fanzine Ansible.


MANIFESTE DE LA SF

Oui, je revois encore la croisade des esprits chagrins anti-anti-conformistes qui disent : "La S.F., c'est de la sous-littérature, de la merde tartinée sur du papier" ou encore "Le fantastique ? C'est un synonyme d'incroyable, formidable, super, cool, bath, génial..." Bref, on nage dans une mer d'ignorance dans laquelle se jettent les fleuves Hypocrisie, Mépris, Bêtise et Etroitesse d'esprit.
Pour beaucoup, la S.F., "c'est l'histoire d'un gros vaisseau gris avec des réacteurs blancs qui se pose sur une planète rouge où vivent des gastéropodes verts hostiles". Soyons sérieux. Et commençons par quelques précisions : la S.F. est une branche du fantastique; ensuite il s'agit d'un (ou de plusieurs, suivant la terminologie adoptée) genre(s), mais pas d'un support ; ainsi, il y a de la S.F. au cinéma, à la télé... Mais on s'arrêtera dans le présent éditorial à la littérature sans images, car je pourrais écrire un bouquin là-dessus, et je m'étale déjà assez comme ça.
On pense que le premier récit de S.F. serait L'Empire des Soleils et des Lunes écrit par Savinien de Cyrano de Bergerac au milieu du 17ème siècle. Voltaire lui-même pondit quelques récits (peu connus) basés sur le voyage spatial. Saint-Exupéry , avec son petit prince paumé sur un planétoïde, a fait de la S.F. sans le savoir (ou sans le vouloir)...
Mais revenons un peu en arrière. Mary Shelley, avec son Frankenstein de 1808, invente le robot, ou plutôt le cyborg. Jules Verne n'a (quasiment) écrit que de la science-fiction, c'est-à-die des récits prospectifs basés sur des progrès techniques avérés à son époque. 1984, de George Orwell, est un monument d'anticipation, tout comme Le Meilleur des mondes, d'Aldous Huxley. Je suis sûr que certains d'entre vous ont lu Le Grand Secret ou La Nuit des Temps, de René Barjavel : leur esprit est corrompu car ils ont lu de la S.F . Balzac, avec sa Peau de chagrin et Maupassant, dans Le Horlà (entre autres) ont aussi puisé dans la veine fantastique...
Qui ne s'est pas trouvé épouvanté (ou agacé) devant les abîmes indicibles de Lovecraft ? Tout ça, c'est très bien, vous me direz, des auteurs classiques, ça force le respect. Mais chez les modernes, y-a-t'il des vrais conteurs d'histoires ? Eh bien tâtez la puissance de Dan Simmons dans Hypérion, la finesse de Bernard Werber chez ses Fourmis... D'autres exemples ? Qui n'a pas aimé un roman d'Orson Scott Card ou bien Terry Pratchett ?

Prenez, parmi les femmes, des auteures (si, si, ça existe) telles Marion Zimmer Bradley ou Anne Rice, qui revisitent les grands mythes avec leur sensibilité toute féminine. Et quand on dit science-fiction, il peut s'agir de n'importe quelle science, de la physique à la linguistique, en passant par l'astronautique ou la météorologie...
Le fantastique, lui, recoupe tout ce qui s' écarte de la normalité, de I 'habitude. La vie quotidienne est déformée, au sens large, par un ou des événements inhabituels. Cette distorsion entraîne le lecteur (ou le spectateur) vers des territoires inconnus.

Le fantastique, c'est la vie qui bouge.
19 mai 2003.




Les genres de la SF | CD-ROM | Ansible | Le Chant de la Terre | Bibliographie | Survol de la Science-Fiction
Les Liens SF | Films | La BD de SF | Les Trois Lois de la Sexualité Robotique | X-Files

Qui suis-je ? | Section Tolkien | Liens | Bande Dessinée | Fanzine SF | Nouvelles | Accueil | Sport | Contact